Du 27 au 28 mars 2018 s’est célébrée à Yaoundé sur le thème ‘‘ Préservation de la diversité linguistique dans le monde et promotion du multilinguisme en vue de réaliser les objectifs de développement durable ’’, la Journée Nationale des Arts et Cultures à l’Ecole au Cameroun.

Les activités marquant la cérémonie nationale de la Journée Internationale de la Langue Maternelle couplée à la Journée Nationale des Arts et Cultures à l’Ecole, édition 2018, se sont déroulées le 27 et le 28 mars 2018 à Yaoundé, sur le thème ‘‘ Préservation de la diversité linguistique dans le monde et promotion du multilinguisme en vue de réaliser les objectifs de développement durable ’’, à travers une table ronde et une série d’activités culturelles et artistiques.

La participation du CERDOTOLA était remarquée par la présence parmi les officiels de M. Hans Epale, Directeur Adjoint des Services Généraux et de la Logistique, représentant du Secrétaire Exécutif, et l’occupation d’un stand d’exposition par le Centre de Documentation de l’Institution, qui offre de grandes collections africaines, des ouvrages scientifiques édités ou coédités par les Editions du CERDOTOLA, ainsi qu’une importante littérature grise produite dans le cadre des activités de recherche. (Catalogue en ligne ).

La Journée Nationale des Arts et cultures à l’école (JNACE) a été créée en 2008 au Ministère des Enseignements Secondaires (MINESEC) en raison de la nécessité éprouvée par les responsables de l’Inspection de Pédagogie chargée de l’Enseignement des Lettres, des Arts et des Langues Etrangères (LALE) de l’époque, de sensibiliser la communauté éducative sur l’importance de l’éducation artistique et culturelle. Dans le calendrier de l’année scolaire, elle se célèbre tous les deuxièmes vendredi du mois de mars. Au cours de l’année 2011, au regard de la corrélation entre les Arts, les Cultures et les Langues, le MINESEC va adopter la formule d’une célébration couplée de la Journée Internationale de la Langue Maternelle et de la Journée Nationale des Arts et Cultures à l’Ecole. Toutefois, il vise à terme organiser un festival des arts et cultures à l’école qu’il dénommera FESTAC.

L’objectif général de la JILM couplée à la JNACE est de promouvoir la diversité culturelle et le multilinguisme en milieu scolaire. Aussi l’activité de promotion des langues doit-elle être prioritairement centrée sur les langues et cultures nationales. Dans cette perspective, cette Journée a pour objectifs spécifiques de :

  • Sensibiliser la communauté éducative sur l’importance des arts, des langues et des cultures nationales ;
  • Evaluer la mise en œuvre de l’enseignement des arts, des langues et des cultures nationales dans l’Enseignement Secondaire par le biais des prestations des élèves ;
  • Mener des activités d’animation centrées sur les arts, les langues et les cultures nationales.

L’organisation de cette Journée intègre tout à la fois des activités de nature discursive et des activités ludiques et artistiques. Dans le volet discursif, l’accent est mis sur des aspects importants de la politique linguistique et culturelle. Le volet ludique, quant à lui, se constitue des prestations artistiques visant l’enracinement culturel du citoyen. Les activités sont menées dans les dix Régions du pays. Mais une ville, chef-lieu de région ou de département, peut être choisie pour abriter la cérémonie officielle présidée par le Ministre des Enseignements Secondaires. Avant l’apothéose, les Inspecteurs Pédagogiques des Arts, des Langues et Cultures Nationales, les enseignants et les responsables des Activités post et périscolaires supervisent dans les établissements scolaires les activités majeures de la journée et sélectionnent les artistes les plus performants. Des conférences et table-rondes couvertes par les medias publics et/ou privés sont aussi organisées. Des rapports d’activités rendant compte du déroulement de cette Journée dans les régions et au niveau central sont transmis à la hiérarchie.

L’édition 2018 qui a subi les contrecoups des changements intervenus à la tête du Ministère des Enseignements Secondaires s’est déroulée en deux temps :

  • L’organisation d’une table ronde, le 27 mars 2018 à la salle de réunion de la Cellule d’appui à l’Action Pédagogique (CAAP) du Ministère des Enseignements Secondaire sur thème de la Journée Internationale de la Langue Maternelle désignée par l’UNESCO en 2018, à savoir : « Préservation de la diversité linguistique dans le monde et promotion du multilinguisme en vue de réaliser les objectifs de développement durable ». Le panel était composé des Professeur SADEMBOUO Etienne, Président de l’Association Nationale des Comités de Langues Camerounaises (ANACLAC), MBA Gabriel, représentant le Département des Langues Africaines et Linguistique de l’Université de Yaoundé I, Louis-Martin ONGUENE ESSONO, Ancien Doyen de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines de l’Université de Yaoundé I et des Drs MANIFI ABOUH Maxime Yves Julien, représentant le Département des Langues et Cultures Camerounaises de l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé et Charles Louis ETOUNDI, Inspecteur Coordonnateur Général chargé de l’Enseignement des Lettres, des Arts et des Langues au Ministère des Enseignements Secondaires Général, modérateur. Si le Professeur Louis Martin ONGUENE ESSONO a abordé le thème sous l’angle épistémologique, les autres intervenants l’ont traité avec un parti pris institutionnel, mettant un accent sur l’apport de leurs structures respectives. Les panelistes ont traité le sujet en profondeur et les participants ont manifesté tout leur intérêt.
  • La célébration de la journée à proprement parler, le 28 mars 2018, au Lycée Général Leclerc.

Les activités de la journée du 28 mars 2018, qui constituait le clou de la manifestation, présidées par M. BAYAOLA Boniface, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre des Enseignements Secondaires chargé de l’Enseignement Normal, représentant Madame le Ministre des Enseignements Secondaires, étaient centrées sur les allocutions des autorités, les prestations artistiques et culturelles des élèves et des Inspecteurs des Arts, Langues et Cultures nationales.

Outre les activités préparatoires (descentes dans les établissements en vue de la sélection des activités et des artistes scolaires, rédaction de diverses correspondances, …), la JILM couplée à la JNACE intègre généralement les activités suivantes :

  • L’exécution de l’hymne national en langue maternelle ;
  • Les chants et danses en langue maternelle ;
  • La réalisation de diverses prestations artistiques ;
  • Le montage de saynètes valorisant la littérature orale africaine semblables au « coin du feu », scène symbolique centrée sur des activités ludiques et éducatives (contes, proverbes, devinettes, poèmes,…) ;
  • L’organisation des conférences et tables-rondes ;
  • L’exposition d’ouvrages de référence scientifique et didactique ;
  • L’organisation des jeux-concours ;
  • l’exposition des objets d’arts produits par les élèves.

L’édition 2018 n’a pas dérogé à cette règle. Les prestations artistiques et culturelles étaient à la hauteur de cette commémoration d’envergure internationale.

La célébration couplée de la JILM et de la JNACE se révèle un cadre de sélection des meilleurs artistes scolaires et les organisateurs entendent approfondir la réflexion sur l’organisation du Festival des Arts et Cultures à l’Ecole (FESTAC), dans les perspectives de la promotion de l’enseignement des langues et cultures nationales au secondaire.

Le Centre de documentation du CERDOTOLA vous permettent de découvrir de nombreuses productions (écrits, audio et vidéo) de référence sur supports sur la culture et le patrimoine africain, les langues africaines en tant que langues vivantes et actuelles, notamment dans l’esprit des objectifs de l’Académie Africaine des Langues, dans un souci double: d’une part, affirmer la place de la langue véhiculaire africaine, et d’autre part bien souligner l’importance, l’enjeu et la praticabilité des langues africaines comme langues de communication vivante et de service.

En savoir plus :

Les Centre de documentation du CERDOTOLA : https://fr.cerdotola.org/centre-et-documentation

Accéder au catalogue en ligne : https://cerdotola.center/pmb/opac_css/opac_css/

Les Editions du CERDOTOLA : https://edition.cerdotola.org/

 

———————— Pour mémoire———————————-

  • La Journée Nationale des Arts et Cultures à l’Ecole (JNACE) se célèbre au Cameroun tous les deuxièmes vendredis du mois de mars.

Depuis plus d’un quart de siècle, une réflexion est engagée au Cameroun au sujet de la promotion et la protection des valeurs linguistiques et culturelles endogènes. La valorisation des langues nationales est préconisée dans la Constitution de la République du Cameroun de 1996 et leur enseignement, prescrit par la Loi n° 98/004 du 14 avril 1998 d’Orientation de l’Education au Cameroun. Prenant appui sur ce cadre juridique, le Ministère des Enseignements Secondaires a, non seulement créé une structure pédagogique chargée de l’enseignement de cette nouvelle discipline, mais a mis aussi en œuvre une politique conséquente. Dans le cadre de la sensibilisation de la communauté éducative, depuis 2008, sont célébrées au MINESEC, la Journée Internationale de la Langue Maternelle et la Journée Nationale des Arts et Cultures à l’Ecole, afin de promouvoir la diversité linguistique et culturelle ainsi que le multilinguisme. Dans le calendrier de l’année scolaire, elle se célèbre tous les deuxièmes vendredis du mois de mars.

  • La Journée Internationale de la Langue Maternelle (JILM) est célébrée tous les 21 février depuis l’an 2000.

La Journée Internationale de la Langue Maternelle (JILM) a été proclamée par la Conférence générale de l’UNESCO en 1999 pour promouvoir les quelques 7 000 langues de la planète. Depuis l’an 2000, elle est célébrée tous les 21 février. La date du 21 février a été choisie en hommage à trois «martyrs de la langue» originaires du Bengale, abattus par la police à Dakha (aujourd’hui capitale du Bangladesh) les 21 et 22 février 1952 au Pakistan nouvellement créé, parmi des manifestants qui demandaient que leur langue maternelle, le bengali, soit déclarée langue nationale à côté de l’ourdou. En effet, c’est le groupe canadien Mother Language Lovers of the World, de Richmond, district de Vancouver, qui propose cette idée à l’ONU en 1998 et à l’UNESCO en 1999. Le Directeur Général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, avait alors souligné que «les États membres de l’UNESCO, en décidant de célébrer les langues maternelles, ont voulu rappeler qu’elles constituent non seulement un élément essentiel du patrimoine culturel de l’humanité mais aussi l’expression irréductible de la créativité humaine dans toute sa diversité».

  • L’option de l’Etat du Cameroun est celle de la promotion intégrale de tout le patrimoine linguistique national.

En effet, l’option de l’Etat du Cameroun telle qu’elle est exprimée dans sa Constitution est celle de la promotion intégrale de tout le patrimoine linguistique national : « Fier de sa diversité linguistique et culturelle, élément de sa personnalité nationale qu’elle contribue à enrichir… (Préambule). La République du Cameroun… Elle œuvre pour la protection et la promotion des langues nationales (Titre premier, Article premier, alinéa 3». Ce parti pris constitutionnel relaie quasiment la pensée de Paul Biya (1987 : 117)[1] sur la question: « il convient donc de laisser épanouir toutes nos fleurs linguistiques, phase historique nécessaire et indispensable à la confection du bouquet culturel national ». La loi n°98/004 du 14 avril 1998 d’Orientation de l’Education au Cameroun elle, n’exclut pas de langues nationales lorsqu’elle aborde le sujet. L’un des objectifs de l’éducation selon cette loi, est « la promotion des langues nationales » (Art 5, alinéa 4). Extrait de Entretien avec le Dr DJIAFEUA Prosper, IPN, Chef Section des Arts, Langues et Cultures Nationales. https://fr.cerdotola.org/category/le-saviez-vous

Source : Extraits du: Rapport de la célébration de la JILM couplée à la JNACE), édition 2018.

Par Dr. DJIAFEUA Prosper, C/ALCN et Dr ETOUNDI Charles, ICG/LAL

[1] Biya Paul. 1987. Pour le libéralisme communautaire. Pierre-Marcel Favre.